N.R : Publié le 16/03/2023 à 18:28
Après un avis défavorable à l’issue de l’enquête publique, la préfecture a finalement rejeté l’installation du parc éolien du Gros Chillou, à Charnizay. Le porteur du projet va déposer un recours. Le Sud-Touraine n’est toujours pas un terreau fertile pour l’éolien. La préfecture d’Indre-et-Loire vient de rejeter le projet du Gros Chillou, prévu sur la commune de Charnizay, dans un arrêté en date du 13 mars. Cette décision était attendue, un avis défavorable avait été rendu par le commissaire enquêteur, au terme de l’enquête publique, en août 2022.
Les services de l’État s’appuient sur les observations du Groupe régional cigogne noire du 14 juin 2022, confirmées par l’Office français de la biodiversité le 13 décembre, attestant « la présence d’un nid de cigogne noire ayant abrité des oiseaux ». Il a été localisé en forêt de Sainte-Julitte, à 1,7 km de la première des six éoliennes projetées.
« Cette très grande proximité entre le nid de cigogne noire et le projet prive d’efficacité les mesures de suivi de l’espèce et de réduction (détection avec mise en œuvre d’un protocole d’arrêt d’urgence des éoliennes et/ou d’effarouchement) proposées par le pétitionnaire dans son dossier de porter à connaissance, lesquelles ne permettent pas de prévenir efficacement le risque de dérangement de l’espèce et notamment d’atteinte aux juvéniles lors de leur premier envol », précise l’arrêté.
« Ce projet, c’était celui de trop »
La cigogne noire est une espèce protégée menacée de disparition, dont les effectifs sont très faibles en Indre-et-Loire, où elle niche et se reproduit de fin-février à mi-juillet. C’est aussi une fossoyeuse de projets éoliens. Sa présence à proximité a fait échouer un projet à La Chapelle-Blanche-Saint-Martin, allant jusqu’au Conseil d’État. Celui du Chaiseau (Le Petit-Pressigny et Charnizay) a été retoqué par la préfecture pour les mêmes raisons. Un autre projet, dans l’Aisne cette fois, a subi le même sort que La Chapelle-Blanche-Saint-Martin. « Il y a une jurisprudence qui est en train de s’installer », se réjouissait Renaud Baeta, chargé de mission biodiversité pour l’association environnementale Caudalis, dans le NR en février dernier.
« Ce projet, c’était celui de trop », note Serge Gervais, maire de Charnizay. Habituel défenseur de l’éolien, il s’était cette fois opposé à ce projet. « Il y aurait eu trop d’éoliennes et une sensation d’encerclement du village. Tout le monde était opposé. » L’édile fait référence au projet du Chaiseau et celui de Saint-Michel, au nord de la commune. « Les autres, je les soutenais, mais pas celui-là », appuie l’édile.
« C’était le pire projet », abonde Jean-Paul Bottier, président de l’Association pour la défense de l’environnement charnizéen et des territoires environnants (Adecte). Au-delà de l’aspect environnemental, c’est l’impact sur le paysage qu’il dénonce. « De ce point de vue, c’était le projet le plus impactant », ajoute-t-il.
Des études complémentaires
Pour la société Windfees, le porteur du projet, c’est un second coup dur. Le parc du Chaiseau, retoqué l’été dernier, c’était déjà eux. « C’est une déception, on a passé plusieurs années sur ce projet, confie Antoine Farrando, le directeur de Windfees. La présence de ce nid de cigogne noire n’est pas apparue pendant nos études de 2019, 2020 et 2021. C’est un élément qui est apparu officiellement dans le dossier en décembre. » Un recours gracieux va être déposé par le développeur auprès de la préfecture d’Indre-et-Loire. « Nous pensons que des études complémentaires n’ont pas été faites. Il y a des informations qui demandent à être mises à jour. » Ces études complémentaires devraient débuter dans les prochains jours. « Nous voulons vérifier que le couple revient cette année et vérifier aussi son mode de vie », poursuit Antoine Farrando. Windfees a deux mois pour déposer son recours.
Un recours pour le Chaiseau
Retoqué par la préfecture d’Indre-et-Loire à l’été 2022, le parc éolien du Chaiseau (Le Petit-Pressigny – Charnizay) fait l’objet d’un recours contentieux déposé par le développeur, Windfees. Le recours gracieux ayant été rejeté par la préfecture, c’est désormais la justice administrative qui devra statuer.