LA NOUVELLE REPUBLIQUE – VAL D’AMBOISE ET UNESCO

Depuis Auzouer-en-Touraine, les éoliennes seraient visibles depuis la Loire, selon les opposants au projet.

Val d’Amboise : le classement à l’Unesco menacé par des éoliennes ?

Publié le 21/07/2023 à 18:22 | Mis à jour le 21/07/2023 à 21:46

L’enquête publique a rendu un avis favorable à une implantation de quatre éoliennes dans le Castelrenaudais, malgré un possible impact sur le label « patrimoine mondial » du Val de Loire. Au grand dam des opposants au projet

Voilà une enquête publique dont les conclusions font réagir. Des élus du Castelrenaudais au château royal d’Amboise, en passant par le député de la deuxième circonscription Daniel Labaronne, ils sont nombreux les opposants à l’implantation de quatre éoliennes à Auzouer-en-Touraine à manifester leur incompréhension après l’avis favorable rendu en juin par trois enquêteurs publics. Un feu vert de principe donné malgré le risque évoqué noir sur blanc d’un « déclassement de l’ensemble » du Val de Loire au patrimoine mondial de l’Unesco.

Le Château royal à moins de 15 km

« Je compte écrire au préfet pour m’étonner des conclusions de cette enquête publique », indique à la NR Daniel Labaronne. « Je ne comprends pas l’avis des enquêteurs publics », confie pour sa part Marc Métay, le directeur du château royal d’Amboise, tandis que Brigitte Dupuis, présidente de la Communauté de communes du Castelrenaudais, « conteste cet avis ».

L’enquête publique portait sur le projet de quatre éoliennes d’une puissante unitaire de deux mégawatts dans la commune d’Auzouer-en-Touraine. Initialement lancé en 2006, le projet a déjà été abandonné, avant d’être relancé. Désormais baptisé « Oratorio », il est porté par la société Innergex, fournisseur d’énergie indépendant.

Dans ses conclusions, rendues à la préfecture le 26 juin 2023, l’enquête publique émet un avis favorable à cette implantation. Tout en évoquant clairement « un éventuel risque de déclassement de l’ensemble du Val » de Loire au patrimoine mondial de l’Unesco du fait de la proximité des éoliennes avec le fleuve. Le plan de gestion du site Unesco Val de Loire interdit, en effet, « d’implanter d’éoliennes visibles depuis le Val et notamment pas à moins de 15 km du rebord du Val ». Or, comme le précise elle-même l’enquête, « le site “Oratorio” est situé à 14,8 km du Val (château d’Amboise) mais à 10 km du rebord nord. »

Pour autant, la commission d’enquête écrit que « le plan de gestion du site Unesco Val de Loire n’est pas opposable ». Elle estime également que « le dilemme auquel elle est confrontée nécessite d’allier protection et sauvegarde d’un site classé avec la nécessaire obligation d’évoluer dans la production d’énergies renouvelables ».

« Une grande imposture » pour une association

Un argument rejeté par l’Association de défense de l’environnement de la Gâtine tourangelle (ADEGT), en pointe depuis des années contre le projet. « Cette enquête publique, c’est une grande imposture car il y a clairement un parti pris en faveur des éoliennes », s’insurge Jacques Gaudet, président de l’association. « Ces éoliennes seront visibles du château d’Amboise, et aussi de Chaumont-sur-Loire. On risque un déclassement à l’Unesco. »

« Est-ce qu’on est prêt à sacrifier le label pour le bénéfice de quelques éoliennes ?, s’interroge pour sa part Marc Métay. Si on dévalorise notre image et la qualité de l’environnement, on impacte directement nos ressources économiques. »

Après cet avis, c’est désormais aux services de la préfecture de se prononcer sur le projet. Le directeur du château royal, de son côté, n’entend pas en rester là. « Il y a encore des recours, et nous utiliserons ces recours. »