Les éoliennes d’Auzouer-en-Touraine bientôt évoquées à l’Elysée?

« Je ne cesserai de me battre », dit Stéphane Bern. © (Photo archives NR, Julien Lucas)

Nouvelle République – Publié le 12/10/2023 à 17:38 | Mis à jour le 13/10/2023 à 11:13

Opposé au projet éolien d’Auzouer-en-Touraine, au nom de la défense des paysages du Val de Loire, Stéphane Bern entend aborder le sujet prochainement avec le président Emmanuel Macron.

Parlera-t-on bientôt d’Auzouer-en-Touraine sous les ors de la République ? C’est bien l’intention de Stéphane Bern. Opposé à Oratorio, ce parc éolien prévu dans la commune du Castelrenaudais, l’animateur souhaite aborder le sujet avec le président Emmanuel Macron. « Je le vois la semaine prochaine. Je lui en parlerai », dit-il à la NR, au moment de prendre publiquement position contre ce projet.

Il faut dire que, pour le défenseur du patrimoine comme pour tous les adversaires d’Oratorio, les semaines à venir seront décisives : la préfecture d’Indre-et-Loire doit rendre un avis d’ici à la fin novembre sur ce programme, qui deviendrait le premier d’Indre-et-Loire en cas de feu vert.

« On ne peut pas détruire des paysages »

Pour Stéphane Bern, c’est au nom de la protection des paysages du Val de Loire, classés au patrimoine mondial de l’humanité, qu’il faut dire « non » aux éoliennes dans le Castelrenaudais.

« Je suis tout à fait opposé au projet Oratorio car il contrevient de façon flagrante à la protection du patrimoine mondial de l’Unesco », explique à la NR l’animateur, membre du conseil d’administration de la Fondation Saint-Louis, propriétaire du château d’Amboise. « On est dans un cône de visibilité des jardins du château d’Amboise et du château de Chaumont-sur-Loire. On ne peut pas, d’un côté, se battre pour que le Val de Loire soit protégé par l’Unesco et le dénaturer, détruire des paysages et la pérennité des sites par de l’éolien. »

Initié en 2005, abandonné en 2016, puis relancé en 2018, Oratorio, projet porté l’entreprise Innergex prévoyant l’implantation de quatre éoliennes, arrive dans sa phase décisive. Après un avis favorable de l’enquête publique, rendu en juin, le préfet d’Indre-et-Loire doit se prononcer sur le dossier d’ici à la fin novembre.

La mobilisation du château d’Amboise

L’heure est donc à la mobilisation pour les opposants, encouragés par l’avis défavorable rendu, mardi 10 octobre, par la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites. Parmi eux, on trouve le député Daniel Labaronne, la présidente de la Communauté de communes du Castelrenaudais Brigitte Dupuis, ou encore Marc Métay, directeur du château royal d’Amboise.

Ce dernier insiste lui aussi sur la menace que fait peser Oratorio sur le classement au patrimoine mondial, les éoliennes devant être implantées à moins de 15 km du château, limite fixée par la charte de l’Unesco. Perdre le label Unesco, c’est perdre des touristes, estime-t-il. « Que souhaitons-nous faire de notre Val de Loire, de notre activité touristique pourvoyeuse de ressources pour le territoire ? Des décisions court-termistes doivent-elles l’emporter sur des visions de long terme ? », déclare-t-il dans un communiqué diffusé jeudi 12 octobre.

« Pression de dingue » sur les préfets

Également auteur d’un courrier au président de Région François Bonneau, Marc Métay « en appelle au soutien des élus locaux et régionaux » et demande à la préfecture une nouvelle « étude d’impact indépendante ». « L’étude d’impact publiée par Innergex sous-estime délibérément l’impact visuel de l’installation des quatre éoliennes », écrit-il.

Avec Stéphane Bern, le château d’Amboise dispose d’une porte d’entrée à l’Élysée. Mais l’issue du dossier se joue peut-être plus à Matignon, dans le bureau d’Élisabeth Borne. « Les préfets ont une pression de dingue de la part de la première ministre pour mettre des éoliennes partout », croit savoir l’animateur. « La décision dépend des préfets. » Celui d’Indre-et-Loire a encore un bon mois pour trancher.

Julien PROULT