Castelrenaudais: Auzouer-en-Touraine, village laboratoire des énergies renouvelables

Auzouer-en-Touraine, 2200 habitants et bientôt 4 éoliennes et 55 ha de panneaux photovoltaïques

NR : Publié le 7 octobre 2023

Deux projets, éolien et agrivoltaïque, sont prévus à Auzouer-en-Touraine, commune rurale d’un peu plus de 2.000 habitants qui se veut pionnière dans ce domaine en Touraine. Rencontre avec le maire Jean-Claude Baglan, qui assume ces choix.

Auzouer-en-Touraine, sa place centrale à réaménager, son église à réhabiliter, son quotidien de village de campagne… Et – bientôt ? – ses éoliennes et ses panneaux photovoltaïques. Au sud de Château-Renault, la commune d’un peu plus de 2.000 habitants se distingue de nombre de ses consœurs rurales par les projets d’énergies renouvelables qui sont en passe d’y voir le jour. Des programmes à chaque fois prévus sur des terrains privés, mais que la municipalité soutient, malgré l’opposition qu’ils peuvent susciter. Au nom d’une politique énergétique plus vertueuse car moins carbonée, mais aussi des retombées financières promises.

« Nous allons dans le sens de l’histoire »

« La commune est favorable à ces projets et assume cette position. À un moment, il faut faire des choix. Nous sommes entrés dans des années clés en matière de politique énergétique. Il faut toujours une première commune, pour ouvrir la voie. Peut-être que ce qui est en train de se faire à Auzouer-en-Touraine donnera des idées à d’autres communes. Nous allons dans le sens de l’histoire », explique le maire Jean-Claude Baglan.

Pour l’élu, le vent de l’époque viendra très prochainement valider les choix faits par sa commune. « La Loi Aper (Accélération de la production d’énergies renouvelables) arrive, en 2024. Toutes les communes devront cartographier les zones de leur territoire pouvant accueillir des énergies renouvelables. »

Jean-Claude Baglan, maire d’Auzouer-en-Touraine : « Nous assumons ces choix. » © (Photo NR, Julien Proult)

Dans un département où aucune éolienne n’a encore poussé, Auzouer espère bien être la première commune à en voir sortir de terre. « D’ici 2027, si tout va bien », sourit le maire. L’implantation est prévue à l’est de la commune, en direction de Morand. Le projet a été lancé en 2005, et portait à l’époque sur la construction de 16 éoliennes dans trois communes (Auzouer, Saint-Nicolas-des-Motets et Morand). Entre procédures administratives, abandon et relance, il ne concerne plus aujourd’hui qu’Auzouer. Développé par la société Innergex, sous le nom « Oratorio », il a été réduit à quatre tours.

Oratorio et Bergerie ensoleillée

Le programme a reçu en juin l’avis favorable de l’enquête publique. Une décision définitive de la préfecture est attendue le 26 novembre. En cas de feu vert, de nouveaux recours pourraient être déposés devant la justice administrative, le projet suscitant une forte opposition, chez les riverains mais aussi chez les élus. En cause, notamment : l’impact visuel des éoliennes qui pourraient faire perdre au Val de Loire son classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

« Ce déclassement, je n’y crois pas du tout », réagit Jean-Claude Baglan. « Et, si on veut tout passer à l’électrique, il va bien falloir alimenter tout ça. On va avoir besoin d’une production sur le territoire. » Une position partagée par un autre maire, celui de Saint-Ouen-les-Vignes, Philippe Deniau, qui estime que la Touraine « ne pourra pas échapper » à la construction d’éoliennes.

En attendant les éoliennes d’Oratorio, Auzouer-en-Touraine se prépare à bâtir la Bergerie ensoleillée, le nom de la ferme agrivoltaïque qui doit voir le jour au nord de la commune. Au programme : 55 ha de panneaux solaires, répartis sur 150 ha de terres agricoles et sept parcelles, capables de produire 120 mégawatts, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 20.000 habitants. Au milieu des panneaux est aussi prévue l’installation d’un cheptel de 500 brebis, pour conserver à ces terres leur vocation agricole.

Autour des hameaux du Raguer et des Landes, où doivent être implantés des panneaux photovoltaïques © (Photo cor. NR, Jean-Marie Robin)

Là encore, le projet a reçu un avis favorable de l’enquêteur public. Le permis de construire a été signé par la préfecture le 20 juin 2023. Là encore, des opposants se sont manifestés : l’Association pour la santé, la protection et l’information sur l’environnement (Aspie) a déposé deux recours devant le tribunal administratif d’Orléans. Le premier a été rejeté début septembre, le second doit encore être examiné sur le fond.

« Mais il n’est pas suspensif », souligne Jean-Claude Baglan. « Nous espérons les premières plantations de haies autour des parcelles, pour la protection visuelle des riverains, fin 2023. La construction des panneaux est espérée à la fin du premier trimestre 2024, pour une mise en service programmée en septembre 2025. »

Pour le maire d’Auzouer-en-Touraine, la Bergerie ensoleillée a plusieurs avantages. « Il y a d’abord la production d’énergies renouvelables. Mais, avec l’élevage ovin, on relance aussi un élevage qui n’existe plus depuis longtemps ici. Et puis il y a les raisons financières. Une commune comme la nôtre ne peut pas cracher sur des rentrées d’argent régulières, garanties par ces projets, alors que, dans le même temps, les dotations de l’État baissent ».

Plus de 50.000 euros annuels garantis

Selon les chiffres fournis par la municipalité, la ferme agrivoltaïque devrait rapporter près de 35.000 € annuels, au titre de la taxe foncière, et 300.000 €, versés en une fois, via la taxe d’aménagement au moment de la construction. La communauté de communes du Castelrenaudais touchera, elle, « autour de 250.000  » chaque année au titre de la taxe foncière et de l’Ifer (imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux). Une somme appelée à fortement augmenter après vingt ans d’exploitation.

L’éolien, lui, rapportera autour de 16.000 € annuels en taxes. « Mais, sur un budget annuel d’environ 2,5 millions d’euros, c’est une somme non négligeable. Cela peut, par exemple, aider à rembourser un emprunt. »

Tous ces fonds viendront payer les travaux en cours (rénovation d’un local jeunes) ou à venir (réaménagement de la place et réhabilitation de l’église). Une approche « pragmatique », selon Emmanuel Hofman, premier adjoint de Jean-Claude Baglan. « Auzouer est réaliste, car la loi va nous obliger à passer par ces projets. Nous deviendrons une commune référente. »

Julien Proult- Journaliste rédaction Amboise